Message de Mgr Georges-Hilaire DUPONT

Écrit par Gabriel Arroyo le .

Mgr Georges-Hilaire DUPONT

1er Evêque émérite du diocèse de Pala

A L’EGLISE DE PALA (Tchad) A L’OCCASION DES 50 ANS DU DIOCESE

BONJOUR ! Chères sœurs et chers frères du diocèse de Pala.

D’abord, je vous salue toutes et tous, en commençant par votre évêque qui est mon successeur immédiat !

Il y a bien longtemps que je vous ai quittés. C’était en 1975. Cela fait 40 ans cette année, le temps d’une longue marche loin de vous dans le désert, après 11 ans comme premier évêque pour votre Eglise.

Il y a plus longtemps encore que je suis devenu chrétien dans mon pays natal, frère de tous les chrétiens, comme le dit St Augustin, et de tous les gens appelés à le devenir. C’était à mon baptême le lendemain de ma naissance en 1919, ce qui fait bientôt 100 ans !

C’est dire que je suis un peu vieux maintenant. Mais en Afrique, les vieux peuvent prendre la parole. Et je le fais par ce message en réponse reconnaissante à votre invitation pour la fête du jubilé des 50 ans de la création du diocèse. C’est aussi en 1964, le 1er mai, que, pour ce nouveau diocèse, j’ai reçu l’ordination épiscopale.

Mais, un Chrétien devient-il vieux ? Un enfant de Dieu est toujours jeune et toujours en mesure de s’améliorer ! Je me sens davantage chrétien aujourd’hui que dans ma jeunesse. Et pour une bonne part, c’est grâce à vous dont j’ai partagé la vie depuis le 25 janvier 1947, la date de mon arrivée à Fort-Lamy/

N’Djamena et à Kousseri. J’avais alors 27 ans.

Je comprends mieux ce que sont les Chrétiens quand je lis le chapitre 15 de l’évangile de Jean. Jésus dit : « Je suis le tronc de l’arbre, vous êtes les petites branches » (Jn 15, 5). Et on n’a jamais vu un vieux manguier produire de vieilles mangues. C’est dire qu’un Chrétien relié au Christ et aux racines de l’arbre qui sont en Dieu le Père ne vieillit pas et ne meurt jamais.

Dès son enfance et sa jeunesse, Jésus lui-même a compris, grâce à sa mère Marie et à Joseph, qu’il se devait d’être avec Dieu son Père ; non seulement en le priant et en écoutant sa Parole, mais aussi en travaillant avec ses parents pour gagner sa nourriture - à son époque dans son pays, la base en était le pain -, et pour devenir un homme droit et respecté.

Même avant d’annoncer l’Evangile, Jésus n’a pas perdu son temps. Sa vie de jeune homme est déjà un enseignement pour nous, une véritable annonce de la Bonne Nouvelle et une sanctification de notre vie de travail. Elle est en même temps une confirmation de la loi donnée aux hommes dès le commencement : gagner leur nourriture en transpirant beaucoup ! (cf. Gn 3, 19)…

Arrivé à son dernier jour de liberté, Jésus partage son dernier repas avec ses disciples (cf. Luc 22, 14-20). C’est le repas d’adieu où il prend le pain, fruit de son travail et du travail de tous les convives, il prononce la bénédiction de Dieu sur tous les fruits de la terre et du travail des gens, y compris tous les Tchadiens, et sur toute leur vie.

Puis il surprend ses disciples en ajoutant : « Ceci est mon corps, livré pour vous ! » Jésus aura besoin de toute la durée de ce repas pour leur expliquer ce que cela signifie et comment « faire cela en mémoire de (lui) », c’est-à-dire en vivant et en travaillant comme lui et avec lui, sur la terre où Dieu nous fait vivre.

Il nous faut rester en lien continuel avec lui comme les petites branches sont reliées au tronc de l’arbre et dans lesquels circule la même sève, qui est le même Esprit, celui qui donne une âme, donc qui nous anime et nous vivifie.

L’Eucharistie que nous célébrons consacre, sous les signes du pain et du vin dans la culture de Jésus, le travail et les efforts de tous ceux qui seront rassemblés en ce jour de fête jubilaire, et de tous ceux qui sont en lien avec vous, comme je le suis moi-même. Que cette eucharistie sanctifie tous les fruits de votre terre et de votre Eglise, tous les travaux et tous les efforts de chacun et de chacune depuis 50 ans. Qu’elle nous garde toujours jeunes et dynamiques dans la joie de la foi et dans l’amour fraternel, comme Jésus nous le souhaite aussi (en Jean 15, 11) : « Et que votre joie soit complète ! ».

A Saint-Hilaire du Harcouët, le 23 mars 2015.

Votre premier évêque,

Georges Hilaire Dupont, omi