PROFESSIONS PERPÉTUELLES

Écrit par Abbé Frédéric Senekna le .

Voeux perpétuels Weldang

Professions perpétuelles de Sœur Colette WELDANG, de la Congrégation des Bene-Tereziya, le 28 décembre 2011 et de Sœur Julie MAÏKANG de l’Institut-religieux apostolique de Marie Immaculée, le 8 janvier 2012 à la cathédrale de Pala.

Lors de la célébration des vœux perpétuels de Sr Julie MAÏKANG, l’Abbé Fréderic HISSEN SENECKNA, curé modérateur de la paroisse, trace dans son mot de bienvenue, le questionnement sur le sens de la vie religieuse et nous donne des clés de compréhension :

C’est pour tous les fidèles de la paroisse Saints Pierre et Paul de Pala, l’équipe apostolique, le comité d’organisation et la famille GUISGO, une joie et un honneur de vous accueillir aujourd’hui. Je souhaite à tous et à toutes les bienvenues à cette célébration.

Notre joie est d’autant plus grande que nous avons au milieu de nous nos frères et sœurs qui sont venus de très loin : de la France, d’Haïti, du Cameroun, et surtout la présence de la sœur Marthe notre tante, refuge des pauvres, qui a tenu à être là à cette célébration au cours de laquelle sa fille Julie MAÏKANG se donnera totalement et définitivement au Seigneur.

Nous sommes venus pour dire merci à Dieu parce qu’il nous fait encore don de la vie consacrée. Nous sommes heureux d’être là, peut-être pas tous, car beaucoup ne comprennent pas bien le sens de la vie consacrée. Beaucoup expriment souvent cela sous forme d’inquiétude, d’étonnement : pas de femme, pas de mari, pas d’enfants : Pourquoi l’Eglise demande-t-elle un pareil sacrifice à des personnes qui auraient pu fonder une famille ? Pourquoi des jeunes-filles, jolies, attirantes pour les garçons, capables d’être mères, peuvent-elles renoncer au mariage ? Pourquoi Dieu peut-il permettre une chose pareille, lui, qui a dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et dominez-la… » Gn 1,28.

Après les vœux de la Sœur Colette Weldang un papa me disait : « Pour vous, je comprends un peu, mais pour les sœurs, je ne comprends pas ». J’ai deviné ce qu’il voulait me dire par « double perte » : les petits fils, les petites filles et la dot. Finalement, j’ai compris que les parents qui refusent que leurs filles deviennent sœurs, pleurent la perte des têtes de bœufs qu’ils auraient dû avoir, et surtout les petits-fils qu’ils auraient pu avoir. Je comprends maintenant pourquoi mes parents Tupuri donnent facilement le nom : MAÏMILLION aux filles.

Ces préoccupations sont bien légitimes, mais il faut comprendre qu’il y a un bien plus grand : Dieu. Celui qui a Dieu possède tout. « Dieu est Amour » nous dit Saint Jean. Or l’être humain est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Si Dieu est Amour, c’est aussi le mot amour qui traduit ce qu’il y a d’essentiel dans l’homme. Cette créature faite par amour est faite pour aimer. En elle, il y a une soif fondamentale d’aimer, de servir, de se donner. « Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime » Jn 15,13). L’amour est ouverture, il est relation, mais le don total de sa personne est la plus grande expression d’amour.

La vie consacrée nous aide à découvrir et comprendre la parole de Jésus : « Ma mère, mes frères, mes sœurs ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique » Lc 8,21. La vie consacrée nous fait découvrir que nous sommes frères et sœurs non pas seulement de nos consanguins, mais de tous les hommes.

La vie consacrée, il faut le comprendre, n’est pas un pari pour l’au-delà. Cependant, elle contient un message pour le monde actuel : un refus de posséder, une disponibilité. Elle témoigne que l’on peut, dès cette terre, participer à la vie même de Dieu, dans une communion qui ouvre à un amour plus vaste en vers les hommes. Celui ou celle qui se consacre refuse de refermer ses bras sur un être pour les garder ouverts sur le monde. C’est dans ce sens que l’Eglise dit : « Les personnes consacrées vivent pour Dieu et de Dieu, et c’est pourquoi elles peuvent confesser la puissance de l’action réconciliatrice de la grâce, qui anéantit les forces de division présentes dans le cœur de l’homme et dans les rapports sociaux ».

Bien chers frères et sœurs aimés du Seigneur, je souhaite à vous tous une bonne célébration dans le recueillement, la paix et la joie.

Abbé Frédéric HISSEIN SENECKNA